Bon, je peux dire une bonne chose sur le maire Tremblay (et ce sera la seule): en comparaison aux ayatollahs de la Droite Chrétienne états-unienne, il a le don de dorer la pilule. À force de génuflexions verbales du genre "dans le respect", on en vient presque à oublier qu'il s'insurge contre le fondement même de la démocratie libérale, la séparation de l'Église et de l'État. Pas que votre hôte soit particulièrement un grand défenseur de la démocratie libérale. Mais l'État laïque c'est déjà une nette amélioration par rapport à la Grande Noirceur.
Déjà la différence entre la Moral Majority et notre maire Tremblay est nette. Aux États-Unix, il ne serait même pas question de respect pour les minorités religieuses, encore moins de déclarations que l'athéisme est un choix religieux que l'on doit respecter. On nous déblatairerait que c'est une "Christian Nation", et pan! Fermez vos gueules, sales communistes!
Mais Révolution Tranquille oblige. La différence n'est pas dans le contenu (toujours aussi réactionnaire), mais dans le contenant. La société québécoise est beaucoup plus ouverte à l'athéisme et à la laïcité (quoi qu'il ya du chemin à faire sur l'acceptation de l'Islam). Donc il serait politiquement suicidaire pour nos culs de bénitiers nationaux de s'attaquer directement à la laïcité. En fait, plus souvent qu'autrement ils détournent le concept de laïcité pour s'attaquer aux minorités religieuses. On tente de nous leurer avec des équivalences farfelues. "Les femmes peuvent voter voilées, alors pourquoi je pourrais pas faire une tite prière explicitement catholique avant la tenue d'une réunion municipale? Pourquoi je peux pas afficher des crucifix dans l'hôtel de ville? La distinction entre le choix individuel et le favoritisme institutionel? Kossé ça?"
On va mettre de quoi au clair. Lorsque le juge Moore, aux États-Unis, décide d'afficher les Dix Commandements dans son tribunal, c'est du favoritisme religieux. Le but est d'afficher l'État comme foncièrement au service d'une certaine majorité religieuse. Semblable pour les crucifix à l'hôtel de ville. Il s'agit d'un favoritisme institutionel, et on envoit le message que le gouvernement municipal est au service de la majorité catholique avant tout. C'est complètement différent des choix individuels que certains membres d'une communauté religieuse peuvent faire pour exprimer leurs croyances.
Le maire Tremblay dit que l'on empêche aux chrétiens d'exprimer leur religion dans la sphère publique. Mais personne ne dit qu'on va aller pogner le maire Tremblay et l'empêcher de se rendre à l'église le dimanche, ou bien de porter un crucifix sur sa personne. C'est pas ça la laïcité. Mais c'est pas ça que le maire demande non plus. Il demande un favoritisme envers l'Église catholique parce qu'elle est la religion de la majorité. Il demande que l'Église s'occupe des cours de morale dans les écoles. Et la condescension ensuite est évidente lorsqu'il dit que les non-catholiques pourraient aller faire du sport ou des arts plastiques à la place, comme si ipso facto les athés (ou les minorités religieuses) n'ont pas d'intérêt pour l'enseignement moral. D'ailleurs, le thème central de son plaidoyer est que l'État n'a pas la compétence du domaine moral (ben, il a peut être un point là-dessus) et que celui-ci relève entièrement du domaine de l'Église. La belle affaire. Laissez-moi vous dire que l'Église catholique n'est pas trop bien placée pour critiquer la morale de l'État québécois. Que ce soit son rôle dans la saga des enfants de Duplessis, son camouflage des abus sexuels commis par les prêtres, son support en Europe et en Amérique Latine des dictatures fascistes, son aide apportée à certains dirigeants nazis pour fuire l'Allemagne après la défaite contre les Alliés, l'Église a peu à envier à l'État lorsqu'il s'agit de commettre des atrocités morales. Et bien sur, ses exemples de l'État qui vient s'ingérer dans le domaine de l'Église (avortement et mariage gai) sont précisément des exemples de la grande faute morale de l'Église. Sa misogynie patriarcale.
Le maire Tremblay parle de l'Église catholique comme une de nos richesses québécoises. Mais je crois que je parle pour la majorité des anarchistes lorsque je dis que la vrai richesse québécoise, c'est quand la majorité des québécois lui ont envoyé un gigantesque 'fuck off' lors de la Révolution Tranquille. Notre richesse, c'est tous les droits que l'on a acquis en se battant pour alors que le pape nous disait de s'agenouiller et de prier pour notre salut dans l'autre monde. Mieux vaut être debout qu'à genou.
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2 comments:
Vous seriez intéressé par un échange de lien avec Reactionism Watch ?
Nous sommes des militants de gauche de toutes les branches, passant de l'idée révolutionnaire aux idées réformistes. Ce centre est le "Reactionism Watch", cherchant à surveiller toutes les activités et nouvelles droitistes principalement du Québec et du Canada, mais aussi partout ailleurs dans le monde.
Pour être franc, les blogs dans mon blog list sont des blogs que je peux recommander car je les lis. Et je ne lis pas Reactionism Watch. La raison principale est le laxisme de la politique de commentaires (i.e. trolling). Il ya tellement de plateformes pour les gens comme durandal et autres trolls dans vos commentaires pour s'exprimer qu'il me semble fâcheux que l'on leur laisse champs libre sur un blog de gauche. De plus, jusqu'à récemment je n'y avais pas vu beaucoup de contenu qui m'intéressait, mais les quelques derniers billets (que j'ai vu seulement parce que j'ai revisité le site suite à ton commentaire) avaient l'air intéressants.
Alors je ne dis pas un non définitif, mais ma politique est de me limiter aux blogs que je lis de façon régulière donc pour le moment je vais décliner. Si cela change plus tard je vous en ferai part.
En attendant, la décision de m'ajouter ou non à votre propre blog roll sans recevoir un lien en retour vous revient. Je n'y verrai absolument pas de contentieux si vous décidez de ne pas m'ajouter à moins que je réciproque. C'est parfaitement légitime.
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